Disparition de Val Kilmer : Une incarnation tragi-comique de Batman nous quitte définitivement
Publié le 08 avril 2025 par Andresy
Val Kilmer nous a quitté à l’âge de 65 ans des suites d’une pneumonie. L’acteur avait connu une carrière inégale, entre de grands rôles et des films plus que moyens, entre espoirs et déceptions. Batman Legend tient à rendre hommage à celui qui fût le premier Batman du diptyque de Joël Schumacher. Il eut la lourde tâche de succéder à l’appropriation toute Burtonienne du rôle par un Michael Keaton alors au meilleur de sa forme. Si sa prestation avait, à l’époque, plus que divisé, il convient de rendre hommage à un acteur exigeant qui a tenté de jouer un Batman sérieux dans un film qui ne l’était pas…
Un début de carrière flamboyant
Révélé en 1984 dans la comédie Top Secret, Val Kilmer crève l’écran en 1986 dans le mythique Top Gun de Tony Scott, où il se pose en antagoniste mémorable de Tom Cruise, dans le rôle de Iceman, caricaturalement arrogant (à peine plus que Tom Tom), extrêmement doué et sans scrupule. Il a alors 27 ans. Son rôle de jeune héros dans Willow de Ron Howard en 1988 lancera véritablement sa carrière.
Acteur exigeant, venu du théâtre, Val Kilmer obtient son premier grand rôle (sans doute le meilleur) en jouant Jim Morrison dans The Doors d’Oliver Stone en 1995 et apportant à la fois une vision personnelle du chanteur mais également en lui prêtant sa voix, car c’est Val Kilmer qui chante dans le film. Sa performance est acclamée. Suivront plusieurs œuvres de bonne facture telles Cœur de Tonnerre, Tombstone et True Romance. Il devient une valeur sûre. L’année 1995 marquera son apogée avec le mythique Heat de Michael Mann où il donne la réplique à Al Pacino et Robert de Niro dans un polar culte.
Mais, car il y a toujours un “mais”, 1995 est également l’année de Batman Forever, qui va recueillir des réactions beaucoup plus contrastées. Et évidemment, cette interprétation et son contexte sont particulièrement connus par notre Team Batman Legend. Retour donc sur cet épisode de la filmographie de Val Kilmer. Avec le recul qui s’impose…
Une interprétation de Batman sous estimée
Soyons honnête… Au moment de la sortie de “Batman Forever” en 1995, la critique est incendiaire, à la fois pour le réalisation (en particulier le style Schumacher, sur lequel je ne reviendrais pas) que pour les performances des acteurs. Val Kilmer doit donc remplacer Michael Keaton qui a alors durablement marqué les esprits, en particulier, avec le duo finalement tragique et d’une sensualité à peine voilée qu’il forme avec Michelle Pfeiffer dans un film devenu culte.
Val Kilmer, dont l’entente avec Schumacher est toute relative, doit donc imposer un nouveau style qui lui sera propre. Mais à ses côtés, Jim Carrey reste dans sa ligné du Mask et son style en roue libre s’accorde bien mieux avec les attentes cartoonesques de Schumacher (et de la Warner, faut-il le préciser, à ce moment-là). Tommy Lee Jones, monolithique en Double-Face, ne parvient pas à faire oublier Jack Nicholson, à force d’essayer de lui ressembler. Quant à Nicole Kidman… elle est inexistante en comparaison de la féline Michelle Pfeiffer.
Difficile donc de tirer son épingle du jeu dans ces conditions. Le Batman de Kilmer s’attire donc les foudres du public et de la critique, mais à y regarder plus attentivement et surtout, avec du recul, l’acteur a par la suite été relativement réhabilité et nous sommes nombreux, dans la Team Batman Legend, à considérer que sa prestation était tout à fait honnête. En particulier, en comparaison avec le désastre du Batman & Robin où Georges Clooney met le personnage en pièces (sous la direction, cette fois totalement débridée, du même Schumacher).
Il faut également souligner, fait relativement important, que Bob Kane lui-même, avait apprécié son interprétation, en l’occurrence, bien d’avantage que celle de Keaton en 1989. On peut donc apprécier cet adoubement du co-créateur de Batman, qui disparaîtra 3 ans plus tard. Pour autant, est-ce une référence ? Rappelons que Ian Fleming n’aimait pas l’interprétation de Sean Connery en James Bond et qu’il lui aurait préféré Roger Moore, alors vedette de la série “Le Saint” (que Val Kilmer reprendra dans un film … oubliable)… On sait ce qu’il advint de la version Moorienne de l’agent 007.

Bien plus athlétique que son prédécesseur, et certainement plus “ressemblant” à la version comics du Caped Crusader, il est également intéressant de noter que Val Kilmer accomplit lui-même la majorité des scènes d’action. Son engagement dans le rôle, n’étant pas à prouver, notons également que l’acteur essaie de livrer une partition équilibrée entre sa vision de Bruce Wayne et celle du Chevalier Noir. L’acteur tente de moins jouer sur l’opposition inhérente à la dissimulation d’un alter-ego et plus sur une dualité affirmée voire revendiquée, portée comme un étendard “Je suis à la fois Bruce Wayne et Batman” réplique-t-il au Riddler vers la fin du métrage.
Cela se sent tout particulièrement sur sa voix. Contrairement à bien des acteurs (Christian Bale, en tête), il ne cherchera pas à transformer sa prosodie ou sa tonalité entre les deux “rôles” en trouvant finalement un ton assez posé, qui convient parfaitement à l’aspect “détective” et sûr de son fait du personnage. Là encore, l’expérience théâtrale de Kilmer, et en particulier, sa voix, sont réellement à mettre à son crédit.
Tant de facettes ou de détails (qui n’en sont finalement pas) qui permettent d’illustrer le véritable travail réalisé par Val Kilmer sur cette interprétation. Et à comparer finalement à ses meilleurs rôles, là où son niveau d’exigence personnelle lui a permis d’exister sans rougir auprès des plus grands.
Du zénith à l’oubli
On ne peut que s’accorder sur le fait que Batman Forever (je dirais plutôt l’échec du film, largement moins que celui se son interprète) marque un tournant dans la carrière de Val Kilmer. Cause ou effet ? Difficile à dire. En revanche, on peut souligner qu’à partir de cette date, Val Kilmer traîne une réputation d’acteur difficilement gérable. Il enchaîne deux échecs commerciaux en tête d’affiche : Le Saint en 1997 et Planète Rouge, en 2000, son seul film de science-fiction.
Malgré le plus qu’honorable Kiss kiss, Bang bang (en 2006), sa carrière cinématographique semble bien derrière lui et il tentera un retour sur les planches, sans toutefois y rencontrer le succès espéré.
This is the End
En 2015, on lui diagnostique un cancer du larynx et Il subit une intervention trachéale qui endommage ses cordes vocales, lui causant de graves difficultés d’élocution. S’en suivront deux trachéotomies qui finiront de briser la voix de cet acteur qui savait particulièrement bien la mettre en valeur.
Son retour, émouvant, en 2022 dans Top Gun : Maverick aux côtés de Tom Cruise sonnera comme un hommage et une prémonition : son personnage, tout condensé dans son regard, décède dans le film.
Val Kilmer s’éteint le 1er avril 2025.
Et en finissant cet article, il me vient une remarque. Si on considère l’apparition de George Clooney dans The Flash comme une seconde interprétation du rôle et que l’on considère comme acquis le retour de Robert Pattinson, Val Kilmer reste pour l’heure le seul acteur à avoir joué Batman dans un unique film.
Une façon de plus d’entrer dans la légende…
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