Review de Robin : Enfances et super-héros

Publié le 22 septembre 2020 par

C’est en tant que fan de Robin que j’ai reçu avec joie ce petit essai sur mon sidekick préféré. Rares sont les études sérieuses sur ce personnage ô combien important dans toute l’histoire de notre super-héros préféré. Sous quels aspects Camille Baurin analyse-t-il le personnage ? Comment Robin lui permet-il d’aborder l’enfance dans le milieu des super-héros ?

Couverture de Robin : Enfances et super-héros de Camille Baurin

Synopsis

Inventé en 1940, Robin n’a cessé d’illuminer, depuis sa création, les aventures du sombre Batman et, plus largement, le genre “super-héroïque” en lui-même. Alors qu’il fête cette année ses quatre-vingt ans d’existence, il est temps de se pencher sur cette grande figure de l’éternelle jeunesse qui, au fil de son évolution, a présenté différents visages de l’enfance, tour à tour cousin éloigné de Peter Pan, jeune sidekick en proie à la peur de l’abandon ou adolescent en plein rébellion. Ce présent ouvrage se dédie donc tout spécialement à son parcours dans les comics, ainsi qu’à celui de ses compères qui permirent aux jeunes lecteurs d’épauler symboliquement leurs héros de prédilection. Sous leur regard, c’est tout un portrait en creux qui est esquissé : celui de justiciers aux multiples facettes, tout à la fois mentors, amis et grands enfants eux- mêmes. Car, loin d’être de simples faire-valoir, Robin, et consorts sont la preuve indéniable de cette part enfantine que les super-héros continuent d’entretenir en eux. Et en nous.

  • Scénario : Camille Baurin
  • Publié le : Mars 2020
  • Nombre de pages : 116 pages
  • Prix : 9.90€
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Robin, le reflet de l’évolution des comics

Sans surprise, Camille Baurin mène ce petit essai sous une forme chrono-thématique. C’est, selon moi, un axe qui convient parfaitement à l’étude, et l’argumentation fine et très bien rédigée de l’auteur ne peut que nous en convaincre. En effet, si la chronologie dans les comics peut en lasser certains, elle trouve pourtant toute sa pertinence à travers Robin pour plusieurs raisons : la création de plusieurs Robin successifs ; la parfaite adéquation de thématiques inhérentes à ces Robin et donc, aux différentes périodes étudiées ; enfin le détachement de cette analyse par rapport à la chronologie habituelle.

De fait, Camille Baurin a détecté des périodes de maturité attachées aux différents Robin : l’enfance des comics avec un Dick Grayson joyeux et naïf ; la violence et l’adolescence lorsque Robin grandit (Dick Grayson s’efface) puis meurt (Jason Todd) ; les comics plus “sérieux” , la disparition de l’enfance et la maturité des comics avec l’arrivée de Tim Drake, “adulte au masque d’enfant” et enfin, le retour à l’enfance, la nostalgie de la naïveté, de la légèreté associée à l’accentuation de la maturité coïncide parfaitement avec l’arrivée du téméraire, intelligent et cependant si enfantin Damian Wayne.

Robin et Superboy dans Supersons
Robin et Superboy, 2 gamins se prenant au sérieux, illustrant le retour à l’enfance des comics de super-héros

J’ai d’ailleurs particulièrement aimé l’analyse que Camille Baurin fait de ce dernier Robin. Il a su relever ce qui fait le charme de ce petit garnement, et surtout, il a su le mettre en parallèle avec le monde des comics (et même la culture littéraire et cinématographique) d’aujourd’hui, qui cherchent à renouer avec leurs origines, qui replongent dans une certaine naïveté tout en conservant les acquis des nombreuses années de maturité.

En revanche, je regrette que Carrie Kelley, création de Frank Miller, n’ait été que peu abordée. Beaucoup de choses quant à l’évolution des comics auraient pu être dites par son exemple.

L’enfance, un élément intrinsèque aux comics

Couverture du comics enfantin  Batman : Little Gotham
Batman : Little Gotham est un comics grande qualité symptomatique du monde enfantin inhérent aux super-héros

Pourquoi le thème de l’enfance n’est-il pas plus traité dans les recherches sur le comics ? Pourquoi cet essai ne fait-il qu’un peu plus de cent pages ? Camille Baurin démontre ici ce qui pourrait être une évidence : enfance et comics sont plus inextricablement liés que n’importe quelle autre association faite avec la BD américaine, ne serait-ce que par l’origine du genre. De fait, je regrette que certains arguments de l’auteur ne soient pas plus développés, notamment ceux qui traitent du caractère enfantin des comics, et de ce retour à l’enfance aujourd’hui. Finalement, lorsque le comics devient trop sérieux, il ne peut s’empêcher de revenir à son atmosphère d’origine, y compris pour retrouver son public d’origine. On le voit aujourd’hui avec les films Marvel : l’enfance, la légèreté et l’humour sont à la mode, au risque de devenir exagérément enfantin. Le monde actuel du cinéma de super-héros, divisé entre DC et Marvel, est reflété dans la personnalité de Damian Wayne : d’un côté, un univers très sérieux voire violent, de l’autre, un univers naïf, plein d’innocence et d’humour. Les super-héros ont besoin de ces deux aspects pour exister et satisfaire un public large et diversifié.

Conclusion

Nous avons donc là un essai passionnant à lire, qui analyse en profondeur les Robin, ne laissant pas de côté d’autres figures enfantines des comics, même si on aurait aimé plus d’exploration dans ce sens tant il y a à dire. Si vous aimez les Robin et les études ayant trait aux super-héros, ce livre vous intéressera au plus haut point.

Les points forts :
  • Une analyse chrono-thématique très pertinente
  • Une rédaction claire malgré quelques digressions
  • Une vision des comics peu étudiée et passionnante
Les points faibles :
  • Un essai trop court qui aurait mérité plus d’approfondissements
  • Carrie Kelley passée à la trappe
Les notes
Note globale Note Globale

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Votre bat auteur

Bibliothécaire comme Barbara, servant le chevalier noir depuis peu, aimant le Moyen Âge, le Tir à l'arc et les balades nocturnes sur les toits.

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