Les Batman au cinéma – Partie 5 : les années 2010

Publié le 20 mai 2019 par

Quatre ans après la dernière apparition du Chevalier noir dans la conclusion épique de la trilogie de Christopher Nolan, l’Homme chauve-souris revient au cinéma sous les traits de Ben Affleck. Afin de concurrencer, le “Marvel Cinematic Universe”, la Warner Bros. décide de lancer son propre univers cinématographique à partir de 2013 avec la sortie de Man of Steel. C’est Zack Snyder qui se colle à la réalisation de ce film et de sa suite en 2016 : Batman V Superman : L’Aube de la Justice. La volonté des studios est de créer un ensemble de films impliquant plusieurs personnages, lieux et autres éléments scénaristiques de l’univers DC. Faisant suite au premier film consacré à l’Homme d’acier, “Batman V Superman” met en scène les deux poids lourds de la maison d’édition pour la première fois au cinéma. C’est Ben Affleck qui endosse le poids de l’attente des fans. La pression est donc énorme sur les épaules du successeur de Christian Bale.

Un choix contesté

Ben Affleck devient le sixième acteur à interpréter le Chevalier noir

Le 23 mars 2016, Ben Affleck entre dans l’histoire en devenant le sixième acteur à endosser le costume du croisé à la cape au cinéma. Il fut annoncé comme étant le nouvel acteur jouant Batman après Christian Bale, le 22 août 2013. Si son nom courrait depuis plusieurs semaines, personne n’imaginait qu’il serait vraiment choisi pour incarner le super-héros. En effet, depuis son Oscar pour Argo, la star américaine croule sous les projets. Il a refusé de nombreux rôles pour se consacrer à la mise en scène. Mais selon la production, il apparaît comme le contrepoids idéal face à Henry Cavill en Superman. Les deux acteurs ont onze ans de différence. Le PDG de la Warner Bros., Kevin Tsujihara, donne sa vision du Chevalier noir, tout en défendant le choix très discuté du studio :

On voulait un Batman plus mûr et plus expérimenté que Clark Kent, quelqu’un qui a des cicatrices à force de combattre le crime, mais qui reste pour autant charmant. On cherchait un acteur extraordinaire pour incarner ce super-héros populaire et Ben Affleck est très doué.

Toutefois, ce choix est loin de faire l’unanimité auprès des fans. Une pétition initiée par John Roden circule instantanément sur le site américain Change.org, pour contraindre les producteurs d’attribuer le rôle à quelqu’un d’autre. Selon le photographe américain, l’acteur choisi n’est pas envisageable pour Bruce Wayne. Il n’impressionne pas assez pour incarner Batman. C’est donc une photo de Ben Affleck barrée d’un tampon rouge « No ! » qui donne le ton. La pétition recueille environ 80 000 signatures en l’espace d’une semaine. Elle est ainsi envoyée aux décideurs, responsables de cette « erreur » de casting. Les aficionados espèrent fermement que les studios renonceront sous la pression.

De l’autre côté de l’Atlantique, les fans français aussi se lâchent sur les réseaux sociaux et regrettent déjà le départ de Christian Bale. La colère des admirateurs de Batman s’explique, en partie, parce qu’ils considèrent l’interprétation du gallois comme inégalable. De plus, ils n’ont pas oublié la piètre performance d’Affleck dans le rôle d’un autre super-héros, Daredevil. En 2003, le natif de Berkeley (Californie) incarnait le personnage appartenant à l’univers de Marvel. La première adaptation cinématographique du super-héros aveugle fut moquée par les fans ainsi que par la presse. Toujours selon John Roden, son interprétation de Daredevil était atroce et ne ressemblait en rien à une performance de super-héros. L’acteur avait même reçu le Razzie Award du « Pire Acteur » pour ce blockbuster. Le célèbre photographe tempère tout de même ses propos en précisant qu’il respecte le travail d’Affleck et que cette pétition ne vise pas à ruiner sa carrière.

Un défi de taille

Un Batman tourmenté

Selon le réalisateur Kevin Smith, si Ben Affleck a joué les super-héros dans Daredevil, c’est parce qu’il était loin d’imaginer qu’un studio relancerait une adaptation de l’Homme chauve-souris après la catastrophe qu’a été Batman & Robin. Il s’est donc dit que Daredevil serait le personnage le plus proche de Batman qu’il pourrait interpréter. Ben Affleck est conscient de la difficulté de remettre la cape noire de Batman à la suite de Christian Bale. Il admet que faire quelque chose de nouveau est toujours dangereux, mais qu’une partie de l’excitation vient justement du fait qu’il faut déjouer les pronostics. Lors de son passage au Tonight Show de Jimmy Fallon, il explique qu’il s’attendait à être décrié mais rappelle que tout le monde a droit à son opinion, avant de conclure qu’il n’aurait pas accepté le rôle s’il ne s’en sentait pas capable.

L’acteur américain n’a vraiment rien à gagner à se lancer à nouveau dans un film de super-héros. Mais après le triomphe d’Argo, il a le désir de faire ce qui lui plait. C’est tout de même un grand fan du Chevalier noir. Il a toujours rêvé de l’incarner sur grand écran. Son ami réalisateur Kevin Smith se souvient que quand sa carrière a commencé à décoller à la fin des années 1990, Ben s’est offert une Batcave à 50 000 dollars :

Vous savez, j’ai vécu un peu dans son ancienne maison et il s’est fait construire une chambre forte dont l’entrée était pensée comme celle de la Batcave. C’était une bibliothèque amovible. En appuyant sur un bouton, elle donnait accès à une entrée secrète. C’est le seul mec que je connaisse à avoir eu un truc comme ça. Bref, tout ça pour dire qu’il a toujours aimé le personnage.

Pour le convaincre d’accepter le rôle, le réalisateur de Man of Steel et de sa suite intitulée Batman V Superman : l’Aube de la Justice, Zack Snyder, a fait visiter son studio à l’acteur. Ben Affleck a ainsi pu découvrir tout l’univers visuel du film et, il fut très surpris de la vision du cinéaste américain :

Cela n’avait rien à voir avec ce que j’imaginais. Zack voulait se rapprocher le plus possible du comic book de Frank Miller, The Dark Knight Returns. Avec un Batman vieillissant, plus bagarreur, qui arrive à la fin de sa carrière. Un mec un peu cassé dont le côté playboy philanthrope n’est en fait qu’un autre masque avec lequel il remplit le vide qui l’habite. J’ai adoré cette vision. Ce n’est pas un type de 25 ans qui passe sa colère sur les criminels de Gotham City. C’est quelqu’un qui fait le point sur sa vie et se demande si tout ça valait le coup. Il a vécu une autre tragédie, les gens avec qui il travaillait ont été tués durant le combat entre Zod et Superman à la fin de Man of Steel.

Une préparation intense

La préparation physique de Ben Affleck et de son alter-ego

Zack Snyder voulait que son Batman soit un combattant rude et dominant. Au combat, il a le contrôle, il peut être seul et se battre contre cinq, six, sept ou huit personnes en même temps, sans jamais battre en retraite. C’est d’ailleurs sur ce point que le fait de jouer Batman représente un gros challenge pour l’acteur âgé de 43 ans. Et pour cela, le futur Chevalier noir ne prend pas moins de 15 kilos de muscles afin d’être physiquement aussi proche du rôle que possible. Peu à peu, son incroyable transformation physique convainc les plus septiques. Jennifer Garner, son épouse de l’époque, va même avouer avec humour qu’elle a l’impression d’avoir une liaison avec un autre homme tellement son mari a changé.

Ben Affleck s’entraîne quotidiennement pendant les cinq mois qui précèdent le début du tournage. Cela lui permet de se focaliser sur son objectif : être un Batman crédible. Sa préparation comprend six séances de travail par semaine d’une durée de trois à quatre heures. C’est le nutritionniste Rehan Jalali qui le suit au cours de sa préparation. Ben Affleck suit un régime spécial le conduisant à ingurgiter 5 000 calories par jour :

J’ai dû faire de la musculation pendant un an pour ce film, c’était un boulot fou. C’est pratiquement 70% du travail. Il faut tout le temps penser à son régime, ça occupe une place folle dans votre tête. Je ne me plains pas, j’ai accepté le travail. Par contre, je ne vous raconte pas le plaisir que c’était de manger un burger quand le tournage a été fini !

Les nouveaux défis du Chevalier noir

L’affrontement tant attendu entre Batman et Superman

Dans Batman V Superman, Bruce Wayne est animé par un immense sentiment de haine vis-à-vis de Clark Kent. Ce sont en partie les origines extraterrestres de l’Homme d’acier qui posent problèmes. Personne n’a la moindre connaissance de ce qu’il est vraiment. Les hommes pourraient être déçus par ce sauveur qui ne répond pas à nos logiques humaines. Après tout, c’est lui qui a amené le conflit kryptonien sur Terre dans Man of Steel. Et c’est en raison de celui-ci que des proches de Bruce Wayne ont péri dans la bataille à mort entre Superman et le Général ZodBruce Wayne rejette Superman par crise identitaire. L’apparition de cet homme surhumain est une révolution dans son univers, car il a combattu des criminels toute sa vie, et maintenant, il est confronté à quelque chose qui le transcende. Devant Superman, un homme qui braque une banque n’est rien. Il n’est pas impossible qu’il se sente relégué au rang de petit justicier. Une ultime manipulation de Lex Luthor conduira le Chevalier noir a défié l’Homme d’acier dans un combat épique.

Dans Batman V Superman, le sombre justicier n’hésite pas à tuer certains de ses ennemis ; une vingtaine de personnes environ. C’est d’ailleurs un reproche qui a été fait à Zack Snyder. Récemment encore le réalisateur se justifiait auprès des fans du Chevalier noir, en expliquant que son Batman s’inspirait librement de certains comics dans lesquels il était plus violent qu’à l’accoutumé en prenant l’exemple du The Dark Knight Returns de Frank Miller.

On retrouve Ben Affleck seulement quelques mois plus tard dans le film Suicide Squad de David Ayer (2016). L’acteur reprend brièvement son rôle de sombre justicier masqué au cours de flashbacks rappelant les arrestations de certains membres de l’équipe de super-vilains formée et dirigée par Amanda Waller. Une scène post-générique rassemblant Bruce Wayne et la fondatrice de cet escadron suicide annonce le prochain film du DC Cinematic universe, Justice League.

Batman leader de la Justice League

Justice League sort en effet en novembre 2017. On y découvre des facettes résolument différentes de Bruce Wayne dans le sens où il était consumé de l’intérieur par la rage d’avoir vu ses amis et collègues de travail périr quand la bataille entre Superman et Zod a provoqué l’effondrement du gratte-ciel de Wayne Industries. Il en avait conçu une telle rancœur envers Superman et une telle crainte de ce que ses pouvoirs pourraient lui permettre de faire qu’il fallait qu’il trouve un moyen de le vaincre. Mais tout a changé quand Bruce a vu Superman se sacrifier pour sauver l’humanité. Il a compris qu’il s’était trompé et l’avait mal jugé, à présent il se sent obligé de prendre sa relève pour défendre la planète. C’est la première fois au cinéma que l’on voit le Chevalier noir oublier son amertume et son goût de la solitude pour entreprendre de fonder une équipe de justiciers. Son Batman est différent en terme de ton :

Je crois que les fans comme le grand public apprécieront de le voir agir ainsi. Et cela me donne aussi d’autres aspects de son personnage à jouer, ce qui est très plaisant, car c’est un personnage iconique, fascinant, absolument formidable. Il existe depuis si longtemps qu’il fait partie de nos vies depuis que nous sommes nés ! Et avec cette version, il n’est pas aussi drôle, mais il est tout de même hilarant dans le sens où il est très sérieux par rapport à des personnages comme Flash.

Poussé vers la sortie

Ben affleck annonce son départ du projet Batman sur le plateau de Jimmy Kimmel

Ben Affleck a également apprécié le fait de tourner dans une production où il y a, non pas un, mais cinq rôles principaux, car cela signifie qu’il n’était pas le seul à porter le poids du film sur ses épaules. Mais après la sortie de ce cinquième long-métrage de l’univers cinématographique de DC Comics, son avenir dans le costume du célèbre justicier semble s’assombrir. Après avoir abandonné progressivement le poste de réalisateur du film solo sur Batman au profit de Matt Reeves, Ben Affleck laisse finalement la cape à un autre porteur. Il confirme l’information sur le plateau de l’émission de Jimmy Kimmel en début d’année 2019. L’acteur américain explique son départ du projet par le fait qu’il ne parvenait pas à boucler le script du film ni à trouver un moyen d’être satisfait du résultat. De plus, la vision d’un Batman plus jeune, désiré par Matt Reeves, a définitivement bouté le Batfleck du projet de film solo :

J’ai pris la décision de laisser quelqu’un d’autre essayer de jouer le personnage, et ils ont vraiment de très bons profils.

Mais pour de nombreux observateurs, il y a d’autres raisons qui expliquent le départ de l’acteur du projet. En effet, son énorme problème de dépendance à l’alcool semble avoir pesé dans la balance. En mars dernier, Ben Affleck reconnaissait se battre au quotidien contre cette maladie, soutenu par la mère de ses enfants Jennifer Garner. Ce dernier ayant effectué une rechute et un retour en cure de désintoxication en fin d’année 2018.

Le film solo sur le Chevalier noir sobrement intitulé The Batman est planifié pour le 25 juin 2021 dans les salles de cinéma. Les pronostics ont déjà commencé pour savoir qui sera le successeur de Ben Affleck dans le costume du justicier de Gotham. Ce qui est certain, c’est que ce film ne fera pas partie de l’univers cinématographique étendu lancé par DC en 2013. Il s’agira d’une histoire indépendante à l’instar du film sur le Joker qui sortira en 2019. L’attente avant la nomination du prochain Chevalier noir devrait encore alimenter les rumeurs les plus folles sur les réseaux sociaux… À moins que le récente rumeur expliquant que Robert Pattinson serait le prochain Batman ne soit confirmée.

Et vous, que retenez-vous de Ben Affleck en tant que Batman ? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous 😉

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Votre bat auteur

Né à Avignon en 1990, GuessWho se passionne rapidement pour l’univers du Chevalier Noir à travers la série animée de Bruce Timm. Il connait sa première expérience dans les salles obscures en 1995 avec la sortie de Batman Forever et devient un fan inconditionnel du justicier de Gotham City. Plus de vingt ans plus tard, en 2016, il sort un ouvrage sur le parcours cinématographique de l’homme chauve-souris, de ses débuts après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à maintenant.

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