Les Batman au cinéma – Partie 4 : les années 2000

Publié le 07 novembre 2018 par

Au début des années 2000, Batman a déserté les salles de cinéma depuis près de cinq ans et Spider-Man est devenu la nouvelle force dominante des comics sur grand écran. Mais la Warner Bros ne compte pas rester les bras croisés. Elle recherche activement l’homme qui pourra relancer son super-héros. Son ambition est de permettre au Chevalier noir de rejouer dans la cour des grands. Dans ce quatrième volet des “Batman au cinéma”, nous verrons comment le duo britannique Nolan-Bale a permis à l’Homme chauve-souris de reprendre son envol.

Une révolution artistique

Un nouvel espoir pour Batman
Un nouvel espoir pour Batman

Depuis le succès de ses thrillers intitulés Memento (2000) et Insomnia (2002), la côte de popularité de Christopher Nolan a grimpé en flèche. Fan du justicier masqué de Gotham depuis l’enfance, il apprend que les studios souhaitent redorer son image à travers une nouvelle saga. Il rejoint le projet en 2003, et écrit le script avec l’aide du réalisateur de Blade : TrinityDavid S. Goyer.

Lorsqu’il écrit le scénario de Batman Begins, le réalisateur britannique ambitionne d’évoquer pour la première fois la formation du Chevalier noir, à travers son voyage initiatique au plus profond d’une geôle asiatique. Cette thématique jamais abordée suppose donc que Batman n’apparaisse pas directement à l’écran. Mais le producteur du film, Michael Uslan, valide cette idée, car il désire un film aux antipodes de ses précédentes productions. Exit le film très coloré des années 60, exit l’univers gothique de Burton, exit l’univers clinquant de Schumacher, place à l’univers sombre et réaliste de Christopher Nolan.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et l’offensive lancée contre l’Afghanistan, les œuvres cinématographiques américaines comportent des traces à la fois obliques et patentes de ce terrible événement. Batman Begins est fortement marqué par la culpabilité et le désir de vengeance. Le réalisateur se sert de Batman pour véhiculer cette idée. Ce qu’il propose avec ce projet n’est rien de moins qu’une réinvention totale du genre super-héroïque au cinéma. Son personnage n’est pas un super-héros à proprement parler, c’est un justicier masqué moderne, qui s’inscrit dans l’air du temps. Son « Batman » ne sera pas un « Batman » à l’ancienne : « J’avais l’envie de développer une histoire de super-héros, mais dans le monde réel. Je voulais faire exploser le carcan de la page de bande dessinée, éliminer sa nature de fantasme. Je désirais un Batman plus sombre, plus humain, et l’occasion de réinventer cette icône moderne m’enthousiasmait au plus haut point. »

Un choix fort

Christian Bale s'impose comme un choix fort
Christian Bale s’impose comme le choix fort de Nolan

En démarrant le projet, Christopher Nolan sait dores et déjà que le plus décisif de ses choix sera celui de l’acteur devant incarner Bruce Wayne et son alter ego, Batman. Il doit sélectionner un acteur au registre suffisamment varié pour exprimer la dualité interne de son personnage principal. Le cinquième interprète du Chevalier noir au cinéma devra également posséder les critères physiques d’un super-héros.

Le premier acteur que Nolan rencontre n’est autre que Christian Bale, un gallois de 29 ans, qui s’intéresse au personnage de Batman depuis sa découverte dans les comics des années quatre-vingt. La star d’American Psycho (2000) se montre très intriguée par le projet du réalisateur. Mais celui-ci ne lui révèle quasiment rien à propos du scénario.

Toutefois, Nolan se montre réciproquement intéressé par le profil de Bale. En 2003, le gallois vient de terminer le tournage du « Machinist », pour lequel il a perdu 31 kilos. Il affirme pouvoir reprendre suffisamment de poids avant la date fixée pour l’essai, une semaine plus tard à peine. Le moment venu, l’acteur a repris ses 31 kilos, voir davantage : « Je m’attendais à voir Christian toujours aussi émacié, et je pensais qu’il serait difficile de convaincre la Warner et DC Entertainment de son potentiel en tant que Batman. Et étonnamment, le jour de l’essai, ce n’était plus le même homme. »

Christian Bale dans Batman Begins
Christian Bale dans Batman Begins

Pour les essais en tant que BatmanChristian Bale enfile l’ancien costume de Val Kilmer dans Batman Forever. À titre anecdotique, le gallois avait auditionné pour le rôle de Robin dans le film de Schumacher. Quand il interprète le vengeur masqué de GothamBale fait passer toute l’intensité à travers ses yeux et sa bouche. Il exerce un contrôle très nuancé sur l’agressivité et l’animalité du personnage. Et lorsqu’il joue Bruce Wayne, il parvient à conserver la même intensité dans son regard.

Il arrive ainsi à faire croire qu’un homme ordinaire peut devenir extraordinaire par la seule force de sa volonté : « J’ai fait un choix très spécifique pour incarner le personnage. Pour moi, un homme qui se déguise en chauve-souris est ridicule, sauf si l’on réalise qu’il est mal dans sa peau. Cette créature différente répond à sa propre colère et à sa propre souffrance. C’est ainsi que je l’ai interprété. Chris Nolan a compris que je voulais explorer le personnage de manière extrême. Batman n’est pas forcément un héros très net, il a la tentation de passer de l’autre côté. Il pourrait devenir un excellent méchant ! J’ai voulu créer un Batman qui puisse être aussi intriguant. »

Un come-back réussi

Batman réussi son retour au cinéma
Un retour concluant

Christopher Nolan est littéralement conquis par les essais de l’acteur et lui accorde définitivement le rôle du super-héros. Mais il recommande à Bale de se muscler avant le début du tournage, pour être suffisamment massif, afin de remplir le costume du croisé à la cape. Il passe ainsi de 55 à 100 kilos, soit un poids trop élevé pour incarner le Chevalier noir.

Bale a donc dû reperdre une dizaine de kilos. Dès les premières prises de vues, l’acteur se livre à une performance mémorable, que ce soit en Bruce ou en Batman. L’équipe de tournage s’aperçoit qu’il était né pour jouer ce fameux personnage. C’est quelqu’un d’adorable, mais quand il porte son costume, il est très intimidant, et Batman doit être intimidant. L’acteur suggère même de modifier le timbre de sa voix pour ses apparitions en tant que vengeur masqué. Proposition validée par le cinéaste et son scénariste.

Grâce à ce film de qualité supérieure, le Chevalier noir redevient une valeur sûre dans le domaine des œuvres cinématographiques de super-héros. Selon de nombreux observateurs, Batman Begins devient même une référence, car son réalisateur a su redéfinir les règles du genre. La Warner Bros a eu raison de lui faire confiance. Les studios savaient qu’un autre raté aurait définitivement tué la chauve-souris.

L’aventure se poursuit

Christian Bale est reconduit dans le rôle du Chevalier noir
Christian Bale est reconduit dans le rôle du Chevalier noir

Trois ans plus tard, en 2008, Christian Bale reprend le rôle du justicier masqué dans la suite de Christopher NolanThe Dark Knight. Quatre ans plus tard, le réalisateur se lance dans la réalisation du troisième et dernier volet de la saga initiée en 2005.

Dans le premier volet, Bruce Wayne devient Batman en réponse extrême à la criminalité de Gotham. Dans le deuxième, les circonstances le poussent à poursuivre l’œuvre de Batman au-delà de ses prévisions. Un éventuel dernier chapitre doit par conséquent clore d’une façon ou d’une autre sa relation avec son alter ego.

Le gallois Christian Bale devient le premier acteur à avoir le plus de fois interprété le justicier : « Le danger de s’ennuyer existe avec ce genre de projet. Mais Christopher Nolan a prévu de faire de cette troisième version du personnage un mélange des autres. Dans Batman Begins, c’était le drame qui touche un jeune homme, le poussant à trouver un but à sa vie. Dans The Dark Knight, il passait à l’action mais pour finir dans la tragédie. Aujourd’hui, Bruce Wayne doit se livrer à une profonde introspection qui l’amène à se demander s’il doit se déconstruire. »

Les évènement de The Dark Knight Rises commence huit ans après les événements du précédent film. Le pacte de silence que Gordon et Batman ont passé porte ses fruits. Gotham, inspirée par l’héroïsme supposé de Dent, s’est racheté une conduite. En apparence du moins. Car il subsiste quelque chose de fondamentalement mauvais au cœur de la ville, un monde souterrain où règnent toujours crime et souffrance. Bruce Wayne s’est renfermé. Il ne va vraiment pas bien. Sa souffrance domine tout ce qu’il fait dans la vie, jusqu’à faire mal aux gens qu’il aime. Il ne s’est toujours pas remis de la perte de Rachel. Et lorsque son majordome lui annonce qu’elle avait choisi d’épouser Harvey Dent, son monde s’écroule définitivement : « On retrouve un Bruce Wayne très isolé, qui, selon moi, offre un parallèle avec l’aviateur Howard Hugues. Il est littéralement figé dans le temps. Il a renoncé à être Batman, après son sacrifice pour sauver Gotham City. »

Christian Bale lors de sa dernière apparition en Batman

Mais l’avènement d’un nouveau criminel exceptionnel le conduit à sortir de sa retraite anticipée de justicier. Christopher Nolan décide que la nouvelle menace de Gotham sera Bane, un adversaire mystérieux et masqué aussi intelligent que le croisé à la cape, et disposant d’une force physique monstrueuse. The Dark Knight Rises montre la résurgence de la conspiration de Batman et Gordon, à la manière d’une éruption volcanique. Ils n’ont fait que cacher la poussière sous le tapis. Huit ans plus tard, Bane arrive pour plonger Gotham dans la destruction et le chaos. Heureusement, Batman pourra compter sur le soutien de nouveaux alliés pour sauver la ville de Gotham City.

Christopher Nolan et Christian Bale auront consacré sept années de leur vie à ce personnage emblématique de la culture américaine (2005 à 2012). L’acteur gallois fut éblouissant à travers les trois films de la saga de Nolan. Il est allé plus loin dans l’authenticité de la névrose du personnage. Il a livré une interprétation très incarnée, mais aussi très justifiée de l’Homme chauve-souris. Dans les précédentes incarnations, le personnage était traité comme dans les comics du Golden Age, au détriment d’une analyse approfondie de sa psychologie. Christian Bale est le seul à avoir donné une telle dimension à ce justicier masqué. Il a une présence immense et son incarnation a marqué toute une génération de fans.

Et vous, avez-vous apprécié le Batman incarné par Christian Bale ? Nous vous invitons à laisser votre avis en commentant cet article. Notre prochain article sera consacré au successeur de l’acteur gallois dans le DC Extended Universe (DCEU), Ben Affleck 😉

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Votre bat auteur

Né à Avignon en 1990, GuessWho se passionne rapidement pour l’univers du Chevalier Noir à travers la série animée de Bruce Timm. Il connait sa première expérience dans les salles obscures en 1995 avec la sortie de Batman Forever et devient un fan inconditionnel du justicier de Gotham City. Plus de vingt ans plus tard, en 2016, il sort un ouvrage sur le parcours cinématographique de l’homme chauve-souris, de ses débuts après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à maintenant.

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