Injustice : Les dieux sont parmi nous, année un – La review

Publié le 31 janvier 2018 par

Suite à la sortie le 26 janvier du dernier tome 11 d’Injustice, nous nous sommes dit qu’il serait bien de faire des reviews complètes de l’ensemble de la série, qui fut un énorme succès. Je vais donc faire 5 reviews, retraçant les 5 années du cycle. Attention, ça dépote…

Synopsis :

Injustice, Gods among us, Year One, 1ère aprtie
Couverture de Injustice, Année un, 1ère partie

Manipulé par le Joker, Superman tue la mère de son enfant à naître : Loïs Lane. Fou de rage, l’Homme d’acier s’en prend directement au Clown prince du crime et l’arrache des mains de Batman pour lui ôter la vie. Cet assassinat de sang froid marque le début d’une ère sombre pour les héros de la Ligue de Justice. Une ère où chacun devra soigneusement choisir son camp : rejoindre la croisade aveugle de Superman contre le crime ou entrer en rébellion aux côtés de Batman.

 

Scénario : Tom Taylor
Dessins : Jheremy Raapack, Mike S. Miller
Nombre de pages : 2 volumes : 200 pages (tome 1) et 240 pages (tome 2)
Publiés le : 17 février 2015 (tome 1) et 28 août 2015 (tome 2)

Le jeu vidéo Injustice : Les dieux sont parmi nous fut un succès critique et commercial indéniable. C’est un jeu de combat, qui a lieu dans une réalité alternative, sous la dictature de Superman qui instaure la paix par la force, Batman menant une résistance acharnée contre cette autorité toute-puissante. Le comic book Injustice a été publié dans le but de raconter l’histoire qui a conduit à cette situation. L’année un est publiée en 2 volumes en France. Je vais donc faire l’analyse de ces 2 tomes.

Et si…? Un pari malin sur la caractérisation des personnages

Le pari est bien cruel et risqué : comment imaginer Superman, le meilleur, le bon, la crème de la crème des héros, devenir un dictateur qui traque et tue celles et ceux qui contreviennent à ses règles ? Tout l’art d’Injustice : Les dieux sont parmi nous consiste, en réalité, à rendre la chose naturelle et tout à fait crédible. Ce comics est une caractérisation exacerbée de la psychologie et du comportement de chacun des héros que l’on connaît ; caractérisation accentuée et tournée à l’extrême suite à un événement lui-même extrême : la mort dramatique de la femme et de l’enfant à venir de Superman (qu’il a lui-même tuée…)

Superman tue le Joker dans Injustice
Superman tue le Joker sous l’œil effaré de Batman

Car tout ne vient pas d’un coup. La tension est graduelle, et l’on perçoit nettement les paliers qui mèneront à la situation du jeu vidéo. Certes, Superman tue le Joker sous le nez de celui pour qui aucun crime ne doit être admis. Pourtant, même s’il n’approuve pas, Batman comprend presque : n’a-t-il pas rêvé lui-même tant de fois de tuer son pire ennemi ? Cependant, au fur et à mesure du récit, l’homme d’acier révèle l’extrémité à laquelle sa volonté de bannir le crime peut conduire : une dictature de la paix. C’est alors que tous les caractères typiques des personnages de DC les conduisent à choisir leur camps.

Injustice Superman applaudi par le peuple
Superman acclamé par le peuple après avoir assuré sa protection

Du côté du Kryptonien, nous avons Wonder Woman, pour qui la paix entre les peuples prime ; Green Lantern, qui par son pouvoir cherche aussi à arrêter les guerres ; Flash, hésitant et sensible aux arguments des uns et des autres ; Damian Wayne, au caractère trempé et rebelle, trouve là l’occasion une bonne fois pour toutes de prendre son indépendance et de s’en prendre définitivement à son père. On retrouve également à leurs côtés Shazam et Hawkgirl ; c’est dire la puissance de l’équipe. Et enfin le peuple, pour qui la paix et la sécurité doivent primer sur la liberté.

De l’autre côté, une équipe avec bien moins de pouvoirs entre en résistance. Batman, qui a toujours prévu qu’un jour, un être aussi puissant que Superman pourrait devenir un dictateur dangereux. Le chevalier noir révèle également son caractère extrême (s’il est possible de dire ça, étant donné sa témérité déjà sans limites) : face à la mort (un peu WTF) d’un membre de sa famille au cours d’un premier combat contre l’équipe de Superman, puis poussé à bout et acculé, il n’hésitera pas à agir de façon plus que douteuse et parfois dans l’erreur pour se protéger et contrer l’adversaire. D’ailleurs, son équipe ne comprend pas toujours ses méthodes et confirme que le détective ne sait pas faire confiance aux autres. Catwoman, amoureuse de la chauve-souris et de la justice des pauvres et des faibles face à la toute-puissance des dieux ; Green Arrow, toujours prêt à agir dans l’ombre, à faire les manœuvres discrètes mais nécessaires, allant jusqu’à sacrifier sa vie. Batwoman et Nightwing, toujours fidèles à leur mentor bien que jamais totalement en accord avec lui, et Black Canary, fidèle à l’amour de sa vie et qui n’hésite pas à prendre les rênes quand il le faut.

Ainsi, finalement, ce pari tient, et même très bien. Les personnages sont poussés à bout et réagissent en conséquence, ce qui nous donne une dramatisation graduelle et sensationnelle , des actes qui entraînent des conséquences toujours plus graves et irréversibles jusqu’à une apothéose digne de Knightfall.

Des super-héros qui philosophent

La particularité d’Injustice est la réflexion que le comics propose au sujet du pouvoir, de la justice et même de la loi. Certaines cases et certains actes de Superman font écho à des sujets d’actualité tels que l’intervention des pays occidentaux en Irak puis en Syrie, ou encore à la promulgation de lois dès qu’un fait divers ou des études perturbent la société.

Flash et Superman jouant aux échecs dans Injustice
Flash tente de raisonner Superman dans une partie d’échecs

Ainsi, une fameuse scène de partie d’échecs entre Superman et Flash conduit ce dernier à contrer la logique de son ami, celui-ci proposant de supprimer toutes les armes à feu sur Terre. Ce qui n’est pas une mauvaise idée en soi. Mais au rythme où va l’Homme d’Acier, Flash lui demande : “Les cigarettes […] tuent bien plus de personnes que les armes. […] Et demain on supprime les cigarettes”.

Si Superman considère que la paix de tous vaut bien quelques “accidents” et une surveillance constante afin de détruite le moindre mal, Batman, au contraire, estime que la société doit assumer elle-même les conséquences de ses actes, au risque d’être dévoyée. Ce n’est pas à un “surhomme” de mettre à bas les régimes totalitaires et de détruire toutes les armes à feu, puisque cela ne résoudra pas les problèmes de fond : la pauvreté, la corruption, etc. Comme on dit, “toute ressemblance avec des gouvernements existants ou ayant existé est purement fortuite”…

Autre point de vue philosophique, Batman considère que le fait d’avoir tué et d’avoir justifié ce meurtre, même si c’est pour sauver des milliers de vies, fait de vous un criminel qui ne peut faire marche arrière. L’histoire lui donnera raison, puisque après le Joker, le Kryptonien ira toujours plus loin dans son raisonnement : pour faire régner la paix, pour le bonheur d’un grand nombre d’habitants, il se permet de tuer des vilains, mais aussi des héros entrés dans la résistance. “Il n’y a pas de retour possible pour lui après cela”, déclare-t-il à ses alliés après un épisode capital dans l’évolution du dictateur.

Visions du meurtre par Batman et Wonder Woman dans Injustice
Le meurtre, une affaire de point de vue ?

Des faiblesses au niveau graphique

Si Tom Taylor prouve sa virtuosité scénaristique avec ce comics, l’unicité du scénario contraste avec la grande diversité graphique. Le changement de dessinateurs et de coloristes à chaque numéro est déstabilisant, d’autant plus que la qualité se révèle très inégale. Je trouve que Tom Derenick réussit parfaitement les perspectives et Bruno Redondo s’en sort bien au niveau des expressions et des postures des personnages, mais je ne supporte pas les visages et expressions affreuses dessinées par Mike S. Miller. Mais il y a tant d’autres dessinateurs que je ne peux tous les aborder ici !

La suite de la série permet-elle une amélioration dans la cohérence et la qualité du dessin ? Je vous en parlerai dans la prochaine review !

Les notes

Scénario Note Scénario
Dessin Note Dessin
Colorisation/Encrage Note Colorisation
Note globale Note Globale

On reste connecté ? 🙂
Retrouvez-nous sur Facebook, Twitter et Instagram.

Votre bat auteur

Bibliothécaire comme Barbara, servant le chevalier noir depuis peu, aimant le Moyen Âge, le Tir à l'arc et les balades nocturnes sur les toits.

Voir la suite...

Laissez-nous
votre avis !