[80 ans Joker] Batman Legend in Crisis #2 : Faut-il être pour ou contre le Joker ?
Publié le 31 mars 2020 par Moyocoyani
Alors que nous fêtons ces jours-ci les 80 ans du Joker, né (comme Catwoman et quelques semaines après Robin) dans les pages de Batman #1, il ne pouvait manquer de nous refaire un sale coup en allumant une guerre entre les rédacteurs de Batman Legend ! C’est que le personnage fascine, mais que son omniprésence pouvait déjà agacer avant le jubilé, notamment après un automne 2019 où il n’y en avait plus que pour lui… Est-ce une bonne chose ou la pire pouvant arriver au chevalier noir ? Plutôt pour ou contre le Joker ?
Alexandra : Pour !
Être « pour » le Joker, quelle folie ! Qu’est-ce que ça veut bien dire d’après vous ?
Car être pour ou contre ce personnage soulève de nombreuses questions ! On parle tout d’abord d’un méchant, LE méchant le plus emblématique dans l’univers de la chauve-souris.
Bien plus qu’un simple vilain, c’est un psychopathe. Mais cet homme a de nombreux visages…
Vous l’avez compris, je suis Pour le Joker !
Tout d’abord, personnellement, il reste et restera mon vilain favori tous univers confondus. Monsieur J soulève en moi de nombreux sentiments parfois même contradictoires : de la peur, de la fascination, du rire, de l’effroi, etc…
Le Joker, c’est comme regarder un bon film. Il nous bouscule et nous nous sentons différents après la séance. Chaque lecture, chaque visionnage du Joker m’a transporté.
Est-ce que ça veut dire que je suis aussi une détraquée ?! Je ne crois pas. Comme bien d’autres personnages le Joker a été popularisé, il a été construit de manière à ce qu’on l’aime. L’atout phare est qu’il a été créé pour Batman !
Ils sont les deux faces d’une même pièce ! Le rire face au sérieux. Les couleurs vs l’obscurité. La relation entre ce héros et ce vilain est l’une des plus passionnantes, sans conteste.
Alors quand on aime Batman, comment ne pas immédiatement penser au Joker ? Chaque comics, chaque film d’animation, chaque adaptation cinématographique montrent et démontrent leur lien intime et complexe. Et ce n’est pas Batman qui dira le contraire. Car finalement, ceux qui sont « pour » comme moi… ne sommes-nous pas dans la même position que le Chevalier Noir ? Nous aimons que Monsieur J soit dans les parages sans qu’il fasse trop de dégâts non plus. Je dois aimer le Joker aussi pour ça, pour être à la fois plus proche de Batman et comprendre ce qu’il ressent envers son pire ennemi. Le Joker ne peut exister sans Batman, il en est pleinement conscient. Cette part de « fragilité » me captive au plus au point chez ce personnage. Il est pleinement en accord avec lui-même : il a besoin de Batman. Comme nous finalement ! Haha
Puis, comment ne pas mentionner la prestance, la classe du Joker ! Il n’y a pas à dire, il a fière allure ! Un costume violet, des gants, une coupe de cheveux parfaite, de jolies mocassins, une cravate… je fais bien sûr référence à la série animée Batman TAS !
Quand je pense au Joker, j’ai en tête ce costume bien précis. Inoubliable, il est un dandy qui a tout pour plaire (non je ne suis pas amoureuse !). A travers le temps, malgré les différents « visages » dont je vous parlerais ci-dessous, le Joker a toujours la classe !
Visuellement, le Joker marque l’esprit, c’est indéniable !
Enfin, le Joker c’est aussi un personnage plus flexible et malléable que notre Batou. En effet, ses premiers pas dans les comics ont été quelques peu mouvementés, à sa première apparition en tant que tueur en série impitoyable, puis en simple farceur et clown de service. Jusqu’au jour où Denny O’Neil et Neal Adams ont décidé de ramener THE Joker. Dans une interview, ils ont déclaré que leur approche était de faire du Joker « un maniaque mentalement instable ». Impressionnant non ? Le Joker est l’un des seuls personnages qui contient cette palette de personnalités et de visages, tout comme Batman. Tantôt joueur, tantôt tueur.
Et j’adore ça, car il nous ramène finalement à notre propre réalité. Nous aussi nous sommes multiples, nous disposons de plusieurs visages. Même si, attention, je ne suis pas une tueuse !
On remarque également ces transformations à travers les films en commençant par le Joker de 1966 avec Romero. Comment oublier ce visage qui finalement est loin de nous effrayer. On retrouve le clown, le méchant de bas étage qui est finalement plutôt drôle !
On poursuit avec le Joker de Tim Burton incarné par Jack Nicholson, où l’on commence à comprendre toute la folie et l’étendue des « pouvoirs » du Joker.
Car oui, le Joker a des pouvoirs, des pouvoirs « à la Batman ». Il est intelligent, rusé, use de gadgets et monte des plans plutôt ingénieux.
Mais la force du Joker réside en un mot et selon moi Tim Burton le dit dans ses propos :
Le Joker est un très bon personnage, car il y a chez lui une liberté totale. Chaque personnage qui opère hors de la société est un phénomène et un paria, qui peut faire ce qu’il veut. (…) La folie est de façon assez effrayante la plus grande liberté que l’on puisse avoir, car nous ne sommes alors plus liés aux lois de la société.
Le mot le plus marquant dans ce texte : liberté. En effet, a contrario de bien d’autres vilains et même de héros, le Joker est totalement LIBRE. Sans attache familiale, amoureuse (désolée Harley…), sans morale, sans règles, sans idéaux de vengeance, de pouvoir, de soif d’argent ou autres. Il est comme il est, un point c’est tout. L’homme ne rêve qu’à une chose : être libre. C’est en cela que le Joker me fascine autant : son grand pouvoir est sa totale liberté.
Pour finir, je ne peux oublier de mentionner deux excellents Joker, celui d’Heath Ledger dans les films de Christopher Nolan qui se distingue par sa voix, menaçante et effrayante, en somme inoubliable.
Et enfin le Joker de Todd Philipps interprété par Joaquin Phoenix qui se différencie cette fois-ci par son rire. Un rire synonyme de maladie… le Joker ne serait que le produit d’une société malade ?
Le Joker nous pousse à se poser d’innombrables questions et dont nous n’avons, pour la plupart, aucune réponse ! Voilà où je veux en venir, je dis OUI au Joker, car il représente la folie à l’état pur. En écrivant cet article, j’en devenais folle, à creuser mes arguments pour expliquer en quoi j’aime le Joker. Finalement, je ne le sais peut être pas exactement…
Mais je tiens ce personnage dans mon cœur parfois honteusement car c’est un vilain, pardi ! Parfois fièrement, car le Joker est le meilleur dans sa catégorie !
Il fait tourner en bourrique notre cher Batman, il a la classe, il est libre, fou mais finira toujours dans une cellule de l’Asile d’Arkham (et tant mieux pour nous !).
Siegfried « Moyocoyani » Würtz : Contre !
Et si on enterrait enfin le Joker pour ses 80 ans ?
Le Joker est assurément l’une des meilleures choses qui soit arrivée à Batman. Son apparition, il y a exactement 80 ans, permet après tout la meilleure des premières aventures du chevalier noir, du moins indéniablement l’une des toutes meilleures, et tout a été dit sur sa complémentarité et sa différence cruciales avec le super-héros, par les auteurs et par les analyses, et évidemment même par moi. Et justement, quand on a cette impression que tout a été dit, on pourrait légitimement souhaiter enfin passer à autre chose, même si c’est une impression que l’on peut peiner à s’autoriser concernant une figure aussi proéminente de la pop culture.
On a pratiquement plus parlé du Joker de Suicide Squad que du film lui-même, tout Gotham raconte autant son émergence que celle de Batman, il a volé la vedette à Michael Keaton et Christian Bale, même quand il est mort dans les Arkham il en reste l’antagoniste le plus omniprésent, évidemment le premier film consacré à un super-vilain devait se focaliser sur lui, et à chaque nouveau projet filmique ou livresque sur le chevalier noir, l’une des premières questions est « Où est le Joker là-dedans ? ». Phagocytant Gotham, il va jusqu’à inspirer plusieurs autres super-vilains du même univers. C’est que l’on sort difficilement du cliché du psychopathe sanguinaire, et que le Joker en est un tel archétype que les autres en apparaissent comme des variations un peu affadies.
On comprend dès lors assez bien qu’il n’ait qu’un rôle secondaire dans les runs de Morrison etde King, comme d’ailleurs dans des œuvres aussi importantes que Silence ou dans The Dark Knight Returns, les auteurs ayant compris qu’il était essentiel pour mettre en lumière certains aspects de Batman, mais que cela ne justifiait pas d’éclipser le reste de l’écosystème de la chauve-souris, qui avait également beaucoup à nous apprendre sur lui.
C’est que le Joker a un immense défaut, qui est aussi sa plus grande qualité, celle à laquelle il doit beaucoup de son hiératisme : il est immuable. Oh, il est évidemment plus ou moins rigolo selon les époques, plus ou moins meurtrier. Mais si l’on excepte le bouleversement que fut l’addition de Harley Quinn, on conserve un personnage auquel il ne peut rien réellement arriver. Il n’a pas d’origines claires, cela fait sa force, mais empêche aussi sa réinvention à l’occasion des reboots, et les quelques tentatives de lui en donner dans les films peuvent s’avérer agréables, sans jamais accéder à la même puissance que l’absence de toute cause connue à sa méchanceté pure. Il n’a pas d’équipe permanente, pas d’allié stable, pas d’autre sidekick que Harley à une époque de leur continuité. Il ne peut pas mourir, pas en continuité en tout cas, parce que l’on n’imagine pas Batman sans lui, et les ventes de comics (et produits dérivés) sans leur super-vilain le plus emblématique.
Qu’en faire, à moins de chercher seulement un nouveau gag mortel qu’il pourrait infliger à la chauve-souris, une nouvelle péripétie au détriment de la profondeur d’un nouvel arc ? Lui inventer une épouse passée dans un temps avant la folie, une fille, un triangle amoureux, un acolyte, des super-pouvoirs, voire le règne sur le monde, des doubles ou les successeurs les plus inattendus, qu’il ne soit plus qu’une tête, qu’il recouvre la santé ? Autant d’idées qui paraissent résolument ridicules, et qui ont pourtant toutes été exploitées dans les comics, parfois sous diverses formes et en divers temps…
Saviez-vous que l’on fêtait cette année les 80 ans de Robin et de Catwoman ? Il en sera bien sûr question en leur temps, mais c’est du Joker que 2020 sera le véritable et inévitable jubilé, avec tout ce que cela implique d’affiches, de rééditions, de nouvelles publications spécifiques. J’aurais aimé que King le tue au lieu de X, un autre s’en chargera peut-être, parce que la seule chose qui rapporte davantage qu’une poule aux œufs d’or, c’est la mort de la poule aux œufs d’or. Surtout maintenant qu’il y en a trois, ou que tout le monde devient le Joker, se débarrasser du modèle n’aurait réellement plus qu’une incidence symbolique… On en ressentirait le manque un temps, puis on s’apercevrait que le Batverse ne peut que gagner en créativité à se débarrasser dans un arc mémorable d’un méchant aussi passionnant… et aussi désespérément répétitif.
Et toi, camarade batfan, es-tu plutôt pour ou contre le Joker, team Alexandra ou team Moyocoyani ? Vote ici, et n’hésite pas à expliquer en commentaire ce qui te séduit dans les arguments de l’un des deux auteurs ou t’éloigne de ceux de l’autre ! 😉
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Merci pour ce débat
C’était super intéressant
J’aimerais quand même revenir sur l’argument de L’immuabilité
Le Joker est immuable ça ne fait aucun doute. Pourtant je crois que cela tient à deux choses. D’abord je crois que ça vient essentiellement aux format. La répétition est le propre des comics. La remarque, si elle est tout à fait juste peut être faite au même titre à d’autres vilains : Catwoman en tête…. Elle aurait pu se marier avec B…oops attendez j’ai rien dit… Hors de question d’envisager une évolution aussi drastique en 80 ans d’existence, pensez donc !
Ensuite je pense que le Joker n’est immuable que parce que Batman l’est aussi. C’est pour ça que j’ai toujours du mal à le voir comme un “Vilain” classique. C’est surtout le “mal nécessaire”, en ce sens qu’il ne fait que contrebalancer Batman. On a lu dans Dark Knight Returns ce que donnait le Joker lorsque Batman raccroche…. Rien du tout ! Il raccroche également !
On a également lu, (en filigrane dans Justice League post Flashpoint et plus en profondeur dans Batman : White Knight) ce que donnait le Joker quand Batman passait du côté Obscur
Il n’a aucun mal à passé du côté Clair. En cela la liberté dont parle Alexandra est Capitale
Alors c’est sûr ses arcs ne sont pas uniquement remplie de bonnes décisions scénaristiques et il y a eu quelque gros plantage. Mais c’est un peu court de le résumer uniquement au “cliché du psychopathe sanguinaire”. L’immuabilité du Joker ne l’a pas empêcher d’avoir des arcs extrêmement formateur sur la durée contrairement à d’autres personnages.
Je m’autorise un petit… bon d’accord… Gros tire sur l’ambulance en citant : Tante May et le gâchis de l’arc One More Day (What Else !)
Le cas Harley Quinn, justement, est très intéressant, car réellement impactant sur la durée. Peu de personnages et encore moins de super-vilains peuvent se vanter d’avoir de tels cadeau.
Mais je suis totalement d’accord sur le fait qu’il est dommage que les promos marketing de presque tous les projets Batman se basent sur le Joker.
Mais il faut garder espoir car même si je suis un fan du Joker je fais aussi partie de ceux qui espèrent encore une adaptation qui rende justice à d’excellents vilains comme l’épouvantail, le Sphinx et le Pingouin (qui se concrétisera peut-être chez Matt Reeves ?)
Merci encore pour votre réflexion et courage pour votre Thèse !
Drôlement Votre 😉
Un fan un peu bavard
Merci pour ton commentaire ! (que je rejoins totalement) 😉
Tu as l’air d’accord avec les 2 parties ^^ Mais de quel côté as-tu voté alors ? :p