[Hommage] Focus sur Dennis O’Neil, un amoureux de Batman

Publié le 18 juin 2020 par

Cela fait un petit moment que cet article est en préparation… Après Bob Kane, Carmine Infantino et Steve Englehart, j’avais envie de revenir sur l’un des scénariste qui a marqué de son empreinte l’histoire de Batman. C’est malheureusement quelques jours après la triste nouvelle qui nous est parvenue (Dennis O’Neil nous a malheureusement quitté ce jeudi 11 Juin 2020 à l’âge de 81 ans) que j’ai décidé de terminer ce focus et rendre un dernier hommage à ma façon à ce grand monsieur sans qui Batman ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui ! 🙁
Mais alors ? Qui était Dennis O’Neil ?

Origine et premiers travaux

Comme Batman, Dennis Joseph O’Neil est né en 1939, plus précisément le 3 Mai 1939. Originaire d’une famille catholique de Saint-Louis (Missouri), le petit Dennis a depuis toujours baigné dans la littérature puisque son père lui achetait un nouveau livre chaque semaine en rentrant de la messe du dimanche.
Pour lui, les Comics étaient un langage et représentaient une sorte d’amalgame entre l’image (qui représente la partie droite du cerveau) et les mots (partie gauche du cerveau). Leur interaction permettait donc aux deux parties de notre cerveau d’interagir.

Le scénariste et éditeur Dennis O'Neil
Le scénariste et éditeur Dennis O’Neil

Après avoir obtenu son diplôme au sein de l’université de Saint-Louis dans les années 1960, le jeune Dennis O’Neil s’engage immédiatement dans la Navy et participe au blocus de Cuba durant la crise des missiles.
Il était très instruit et avait d’ailleurs obtenu plusieurs diplômes : de littérature anglaise tout d’abord, mais également d’écriture créative ou encore de philosophie.
Un parcours qui peut évidemment expliquer certaines idées défendues dans ses scénarios (et pas que dans Batman 😉 ).
Il enseignera d’ailleurs l’écriture à la School of Visual Arts et à l’Université de New York à Manhattan, ainsi qu’au Rockland Community College de Suffern, NY.

Après avoir quitté la Navy, O’Neil obtient un poste dans un journal local à Cap-Girardeau (toujours dans le Missouri) et y écrira quelques chroniques fortes intéressantes. En tout cas assez intéressantes pour que Roy Thomas lui propose un poste chez Marvel en 1965.
La firme lui fournie alors quatre pages sans texte remplies d’illustrations réalisées par le renommé Jack Kirby. Il devra imaginer une histoire autour de ça et son travail impressionnera la personne à la tête de Marvel, un certain Stan Lee, qui lui proposera un poste d’assistant éditorial. C’est d’ailleurs lui qui éditera la série Daredevil dont l’auteur n’est autre qu’un certain… Frank Miller.
Pendant cette période, il écrira quelques histoires pour Charlton Comics sous le pseudonyme de Sergius O’Shaugnessy.

Arrivée chez DC Comics et l’avènement du Bronze Age

Green Lantern / Green Arrow par Dennis O'Neil
Green Lantern / Green Arrow par Dennis O’Neil

C’est en 1968 qu’il fait sa première apparition chez DC Comics. Dick Giordano, qu’il a connu chez Charlton Comics, se voit offrir une place de rédacteur chez la distinguée concurrence. Il décide alors de prendre dans ses bagages un certain Dennis O’Neil. Et quel choix judicieux !
Les modifications qu’apportera l’auteur aux personnages qu’il touche entre la fin des années 60 et la fin des années 70 furent juste parfaites et firent rentrer les super-héros dans une autre dimension… Plus sérieux, plus touchants, plus humains… Ses travaux sur Wonder-Woman, Superman ou encore Green Lantern furent remarquables (on reviendra sur Batman plus tard 😉 ).

Dennis O’Neil se décrivait lui-même comme un “Avocat de la paix” et un “combattant pour l’égalité raciale”. Des sujets qui reviennent régulièrement dans ses récits. Avez-vous lu Green Lantern / Green Arrow ? Paul Levitz en parlait comme ceci :

Son travail sur Green Lantern et Green Arrow en particulier, a apporté un niveau de conscience sociale aux bandes dessinées de super-héros grand public qui n’avait jamais existé auparavant”

Ce à quoi l’auteur répondait :

Mon travail était de sensibiliser ce pays… Je n’imagine pas de meilleur job…

Alors que l’on considère ses travaux sur Green Lantern / Green Arrow, Batman (avec Neal Adams), The Shadow (qu’il a réalisé avec Mike Kaluta) et The Question (avec Denys Cowan) comme ses principaux travaux chez DC Comics, sa toute première publication chez l’éditeur fut un numéro consacré au personnage du Creeper : Beware the Creeper #1 (Juin 1968).
Il travaillera très vite sur le personnage de Batman (mais pas que) grâce au numéro 66 de Justice League of America qu’il signera en Novembre 1968.

Son personnage fétiche : Batman

Et puisque l’on parle enfin de Batman, Dennis O’Neil était considéré comme un scénariste majeur par les fans de Batman. Et pour cause !
Avec Dick Giordano et Neal Adams, il parviendra à refaire de Batman un personnage sombre et mystérieux. Le gothique chevalier masqué renoue avec ses origines.
O’Neil participera également à l’écriture des comics books officiels des films Batman et Batman Return de Tim Burton puis des films Batman Forever et Batman & Robin de Joel Schumacher.

Batman de Burton en comics par Dennis O'Neil
Batman de Burton en comics par Dennis O’Neil

En Janvier 1970, il entame sa première collaboration avec Adams sur un titre Batman ! Il y signe un récit horrifique incroyable intitulé “Le secret des sépultures vacantes” dans Detective Comics #395. Un récit qui marquera les débuts d’une collaboration qui aura une énorme influence sur la manière dont sera abordé le personnage de Batman par la suite, inspirant les auteurs qui les suivront à revoir Batman dans un contexte sombre et mené par son sens de détective. Ensemble, ils entameront l’arrivée du Batman moderne.
Durant cette collaboration avec Adams, nous noterons aussi sa participation au célèbre “Superman vs. Muhammad Ali“.

Il est également connu pour avoir écrit le crossover “Batman/Punisher: Lake of Fire” publié en 1994 ou encore un magnifique numéro spécial de Noël en collaboration avec Frank Miller (DC Special Series #21 daté de 1980) intitulé “On recherche le père noël… mort ou vif“. Il participera d’ailleurs également au numéro 1000 de Detective Comics publié à l’occasion des 80 ans de Batman.
Dennis O’Neil était un vrai amoureux de Batman. Il s’exprimera d’ailleurs à ce sujet en ces termes :

J’ai eu le meilleur jouet qu’un enfant puisse avoir pour jouer avec : Batman !

S’il ne fallait relever que certaines publications de l’auteur dans l’univers de Batman, on pourrait citer les suivantes :

  • Knightfall (il participe à l’écriture ainsi qu’à la supervision de l’arc entier),
  • Batman Venom,
  • Batman: Tales of the Demon,
  • Batman: Birth of the Demon ,
  • Batman: Sword of Azrael,
  • Batman: Shaman,
  • “There Is No Hope in Crime Alley !” dans Detective Comics #457,
  • “Night of the Reaper” dans Batman #237,
  • “The Secret of the Waiting Graves” dans Detective Comics #395,
  • “Twice As Evil” dans Batman #234,
  • ou encore “Joker’s Five-Way Revenge” dans Batman #25. Dans ce dernier, O’Neil et Adams signent le retour d’un Joker psychopathe et totalement terrifiant !

D’ailleurs, plusieurs épisodes de la série animée Batman The Animated Series (datée de 1992) ont été adaptées d’histoires écrites par O’Neil :

  • La quête du démon – Partie 1 inspiré par Batman #232 : The Daughter of the Demon,
  • La quête du démon – Partie 2 inspiré par Batman #233 : The Demon Lives Again,
  • L’effet Vertigo inspiré de Detective Comics #411 : Into the Den of the Death-Dealers.

Éditeur en chef chez DC Comics

La lame d'Azrael - Scénario Dennis O'Neil
La lame d’Azrael – Scénario Dennis O’Neil

L’influence qu’aura exercé l’auteur sur l’univers de Batman ne peut pas être ignoré. Il a mené Batman (avec Neal Adams) vers l’âge moderne du personnage. Comme on l’a vu ci-dessus, si le côté sombre de Batman a repris le dessus à partir des années 80, c’est en grande partie grâce à leur travail. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on sait que Dennis O’Neil est ensuite devenu éditeur en chef de la Bat-Family à partir de 1986. Après un nouveau passage chez Marvel en tant que scénariste pour les séries The Amazing Spider-Man (1980-1981), Iron Man (1982-1986) ou encore Daredevil (1983-1985).

En tant qu’éditeur en chef de la Bat-family, Dennis O’Neil contribuera à la publication d’histoires importantes comme Batman Year One de Frank Miller, Legends of the Dark Knight, Knightfall, Contagion, Legacy, Cataclysm, ou encore No Man’s Land.
Batman était un personnage inspirant pour O’Neil. Il s’exprimera d’ailleurs sur son travail en tant qu’éditeur en chef de la Bat-family par ces mots :

Je pense que Batman a été un personnage de bande dessinée très chanceux dans la mesure où il a généralement obtenu un talent de premier ordre. Je veux dire, quand je faisais le montage, cette partie était facile. Les cinéastes vous diront que la moitié du travail est un casting, car si vous obtenez le bon acteur, vous obtiendrez la performance que vous souhaitez. Eh bien, ça marche aussi avec les bandes dessinées. Si vous avez le bon artiste et le bon scénariste, ils font tout le travail pour vous. Vous corrigez juste l’orthographe…

The Hero Initiative

Dennis O’Neil a toujours été engagé, et pas seulement à travers ses récits. Il faisait d’ailleurs parti du conseil d’administration de l’association The Hero Initiative.

Logo de The Hero Initiative
Logo de The Hero Initiative

The Hero Initiative, anciennement connue sous le nom de A Commitment to Our Roots, ou ACTOR, est le premier organisme à but non lucratif reconnu par le gouvernement fédéral qui se consacre à aider les créateurs de bandes dessinées, les écrivains et les artistes dans le besoin. Fondée à la fin des années 2000 par un consortium d’éditeurs de bandes dessinées et d’éditeurs professionnels, comprenant Marvel Comics, Image Comics, Dark Horse Comics, Wizard Entertainment, CrossGen Comics et Dynamic Forces Inc., l’association caritative a pour but d’aider les créateurs de bandes dessinées avec une assistance médicale et avec le but d’améliorer leur qualité de vie.
De nombreux créateurs de bandes dessinées, dont le travail a jeté les bases d’univers fictifs entiers qui s’avèrent extrêmement lucratifs pour les éditeurs par la suite, sont souvent mal rémunérés pour leurs travaux et ne sont pas autorisés à conserver leurs créations. Selon l’association The Hero Initiative : “Pour pouvoir bénéficier de l’assistance financière de Hero, un candidat doit avoir été un écrivain, dessinateur, dessinateur, styliste, coloriste ou lettreur ayant travaillé au moins dix ans à compter du 1er Janvier 1934″.
L’organisation caritative est actuellement soutenue par Dark Horse Comics, Dynamic Forces, Image Comics, Marvel Entertainment, Top Cow Productions et Wizard Entertainment.

Une belle initiative qui a permis une meilleure reconnaissance des artistes et aura permis à de nombreux artistes de sortir de leur situation précaire.
Toutes les infos autour de l’association The Hero Initiative sont disponibles sur leur site internet : https://www.heroinitiative.org.

Distinctions

Le travail de Dennis O’Neil a depuis toujours été reconnu dans l’industrie des comics et de l’écriture américaine. Il remportera de nombreuses distinctions comme le Shazam Award pour sa série Green Lantern/Green Arrow, le Haxtur à plusieurs reprises ainsi qu’une nomination au Temple de la renommée Will Eisner.
Son palmarès complet ci-dessous :

  • 1971 : Prix Shazam de la meilleure série régulière pour Green Lantern/Green Arrow,
  • 1971 : Prix Shazam de la meilleure histoire pour “No Evil Shall Escape My Sight” dans Green Lantern #76,
  • 1971 : Prix Shazam du meilleur scénariste réaliste pour Green Lantern, Batman, Superman, etc…
  • 1972 : Prix Shazam de la meilleure histoire pour “Snowbirds Don’t Fly” dans Green Lantern/Green Arrow #85-86,
  • 1981 : Prix Inkpot,
  • 1996 : Prix Haxtur de la meilleure histoire courte pour The Question : “Homecoming” dans “Les Chroniques de Batman N°1“,
  • 1998 : Prix Haxtur de “l’auteur que nous aimons“, pour l’ensemble de sa carrière,
  • 2014 : Temple de la renommée Will Eisner.

Conclusion

Inutile que je vous répète une nouvelle fois combien j’admire ce scénariste… J’aimerais simplement conclure ce focus avec une citation qu’il a écrit dans son livre “The DC Comics Guide to Writing Comics” et qui représente en elle-même tout l’amour que portait l’auteur à son travail :

Faites-moi rire, faites-moi pleurer. Dites-moi quelle est ma place dans le monde. Extirpez-moi de ma peau et glissez-moi dans une autre. Montrez-moi des endroits que je n’ai jamais visités et amenez-moi au bout du temps et de l’espace. Donnez-moi des noms de démons et aidez-moi à les affronter. Faites-moi la démonstration de possibilités auxquelles je n’avais jamais songé et présentez-moi des héros qui me donneront courage et espoir. Apaisez mon chagrin et augmentez mon bonheur. Enseignez-moi la compassion. Divertissez-moi, enchantez-moi et éclairez-moi.
Racontez-moi une histoire !

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Passionné par Batman et son univers, j'ai lancé Batman Legend pour partager avec vous ma passion du chevalier noir de Gotham City !!!

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