Batman hier, Batman aujourd’hui : quelles racines reste-t-elles pour Batman ?

Publié le 09 mai 2019 par

Aujourd’hui, Alexandra et moi-même abordons une question pas si simple qu’elle n’y paraît, et c’est un pari qu’on essaie de relever. Depuis ses 80 d’existence, chacun sait que notre Batou a évolué. On passe notre temps à lire de tous côtés que le Batman d’aujourd’hui n’est plus le même qu’il y a 80 ans, que chaque auteur notable a apporté sa “patte” et laissé des traces indélébiles sur le héros, pour le transformer à jamais. Mais qu’en est-il réellement ? Qu’est devenu notre Chevalier noir, par rapport à ses débuts ? S’est-il radicalement transformé au point de ne plus ressembler à ses origines ?

La création de Batman : Bill Finger ? Bob Kane ?

Qui est le créateur de Batman ? Bob Kane bien évidemment mais pas seulement.

Depuis quelques années, vous avez dû remarquer que le créateur du Chevalier Noir s’accompagne d’un autre nom : Bill Finger. Voici ce fameux débat.

Tout simplement, car depuis le début, depuis la naissance de Batman toute la gloire et le mérite reviennent à Bob Kane. Mais en 2015 l’annonce est formelle, son ami et scénariste est lui aussi crédité sur les œuvres et sur le personnage de Batman. Revenons dans les tous premiers moments en 1938. Bob Kane imagine avec différentes inspirations (que nous verrons dans la seconde partie) le personnage Bat-Man. Les tout premiers dessins montrent un personnage avec des ailes d’oiseaux et il le nomma Bird Man. Mais ça n’allait pas, alors, Bob Kane décida de changer les ailes en ailes de chauve-souris et ainsi l’appeler : Bat-Man.

Birdman
BirdMan

Mais encore une fois, une chose ne va pas et il décide d’appeler à l’aide. Le sauveur ? Bill Finger. Quand je dis sauveur, je ne pèse pas mes mots. C’est bel et bien Bill Finger qui est le créateur non pas de Batman, car finalement, c’est bien Bob Kane qui imagina le personnage, mais Bill Finger est le créateur du Batman que l’on connaît aujourd’hui. Il est l’instigateur de son costume, ainsi que de nombreux autres éléments. Bill Finger à l’époque souligne qu’il se souvient que Bob Kane avait dessiné “un personnage qui ressemblait beaucoup à Superman avec une sorte de collant rouge, je crois, avec des bottes…avec un petit loup, qui s’élançait accroché à une corde. Il avait dans le dos deux ailes rigides ressemblant à des ailes de chauve-souris.”

Voilà les mots de Bill Finger au sujet du Batman de Bob Kane… Ça fait rêver, n’est-ce pas ?! 🙂

Couverture du Detective Comics # par Bill Finger et Bob Kane
Première apparition de Batman dans Detective Comics #27

Il est ainsi que le grand Bob Kane n’a en rien révolutionné le monde du dessin, mais son génie se trouve ailleurs. Quant à Bill Finger il a su apporter LA touche esthétique qui manquait.

C’est selon moi ainsi qu’il faut voir les choses. Tous deux sont les créateurs de Batman à leur façon. Bob Kane avec toute son imagination, ses idées, son esprit sans limites. Mais Bob Kane n’a pas de talent pour l’écriture et vous le voyez bien avec ses toutes premières idées du Bat-Man. Bill Finger est le créateur du Chevalier Noir par son grand talent scénaristique et son implication sans pareil à ce projet qui deviendra l’un des projets les plus importants de l’industrie DC Comics.

Mais Bob Kane malgré son génie n’a pas su reconnaître l’implication et le travail de son scénaristique. Ainsi à la mort de Bill Finger en 1974, sa petite-fille met en lumière et crie haut et fort l’oubli et l’exploitation de son grand-père. Cette réclamation ce joint à un témoignage de Bob Kane qui après des années de silence nous dit :

À présent qu’il est parti, je dois admettre qu’il n’a jamais reçu la gloire et la reconnaissance qu’il méritait. Je dis souvent à ma femme, que si je pouvais remonter 15 ans dans le passé, avant sa mort, je lui dirais : “je vais mettre ton nom dessus [les crédits] maintenant. Tu le mérites.”

Il faut donc qu’il y ait le nom de Bill Finger au côté de celui de Bob Kane dans les comics pour reconnaître son travail.

Oui, pour la famille, pour l’avenir, pour Bill Finger, son nom doit être inscrit. Mais pour nous, les fans de comics, et fans de Batman nous savons. Nous reconnaissons tout le grand travail qu’a accompli Bill Finger et dans nos cœurs, il est et restera le créateur de Batman, au côté de Bob Kane.

Les inspirations de Batman

Batman est né de nombreuses inspirations et c’est pour cela que je trouve ce personnage si fort et si puissant. Revenons à la genèse du personnage et vous allez voir que les inspirations sont nombreuses !

De Léonard de Vinci à Batman
De Léonard de Vinci à Batman

Quand l’idée du Batman germa dans l’esprit de Bob Kane, il s’inspira pour le costume, qui est un élément indispensable pour le super-héros, d’un des dessins de Léonard de Vinci reprenant une machine volante et dont les ailes ressemblent à une chauve-souris. Ce dessin de Léonard de Vinci a été la toute première inspiration, celle qui a donné une image et une matérialisation du costume de notre Chevalier Noir. Une esquisse d’hélicoptère, un travail scientifique devient la genèse d’un personnage fantastique. C’est fou !

Zorro une des inspirations !
Zorro une des inspirations !

Mais comme vous le savez une idée ne se matérialise pas seulement avec un dessin.

Car si le personnage porte un costume, il possède donc une double identité : et c’est là qu’intervient la seconde inspirante avec le Masque de Zorro. Double identité et apport du costume : on protège le visage (l’identité civile en d’autres termes) en le cachant.

Mais Zorro comme Batman ont un repère secret. À noter que le cinéma en famille réunissant le petit Bruce Wayne et ses parents (avant leur tragique décès) projette le film Zorro !

The Bat Whispers
The Bat Whispers

On avance petit à petit vers notre Batman, mais on ne s’arrête pas là. Bob Kane puise l’idée du détective dans le film policier The Bat Whispers, de Roland West en 1930.

Sherlock Holmes
Sherlock Holmes

Sans oublier, le personnage de Sherlock Holmes, un des chefs d’œuvres littéraire maintes fois repris sur grand écran. Car c’est en cela que le personnage de Batman diffère de ses acolytes ; il enquête, cherche des preuves et mène des recherches parfois aussi pointues que Monsieur Holmes. Il y a aussi le personnage de Dracula, pourquoi ?

Un homme sombre, solitaire, dans sa grande tour, vêtu de noir… ça ne vous dit rien ?

Dracula et sa cape !
Dracula et sa cape !

Enfin, autre personnage peu connu : The Shadow, personnage créé par Walter B.Gibson, est une des sources d’inspirations de Batman. The Shadow est le plus célèbre héros de pulps des années 30-40 ; chapeau sombre et cape noire, encore une fois les similitudes sont frappantes !

Christopher Nolan résume à la perfection la symbiose de ces nombreuses inspirations : Le Chevalier Noir. Cette définition est le résultat de deux états : sa noirceur et sa mission chevaleresque. Une noirceur qui a été fondée dans le personnage de Dracula et dans le film The Bat Whispers. Une chevalerie née de personnages comme Zorro et Sherlock Holmes. Batman, c’est une part de lumière et une part de noirceur. Selon moi on arrive à comprendre ce personnage si complexe en observant de plus près ses origines et ses inspirations.

La création d’un arsenal

Batman est un personnage fascinant. Tant par sa création, ses inspirations et ses pouvoirs !

Car oui, Batman a des pouvoirs : son intelligence et son argent. Encore une fois la question de l’argent est un long débat car doit-il et peut-il rentrer dans la catégorie de “pouvoir” ? Selon moi oui, car il a su utiliser son héritage familial pour se construire une réelle mythologie. Batman ce n’est pas seulement un personnage, c’est un arsenal.

La Batcave !
La Batcave !

La Batcave, le repère de Zorro, la batmobile et autres transports qui se nomment par « bat » et ses armes dont le plus marquant : le Batarang. Il n’y a aucun héros qui a su développer un équipement aussi perfectionné et adapté à son activité de chevalier. Les gadgets de Batman sont propres à Batman. Ils sont en quelque sorte une partie de lui, la preuve en est par leur nomination et leur esthétisme : du noir et du bat !

Cet attirail qui est le costume, la bat ceinture, la batcave et ses nombreux véhicules (la Batmobile, le Batwing (ou Batplane), les Batcycles, le Batboat, le Jet pack et le Bat-deltaplane (ainsi qu’un Bat-jet-ski) : sont autant des démonstrations de pouvoir que de faiblesse. Car oui, Batman reste un homme avant tout. Un homme qui est capable de saigner, de se blesser et l’ensemble de ces technologies lui permettent de se défendre et d’effectuer sa mission héroïque.

Encore une fois, c’est par le biais de la technologie que le mythe de Batman se renforce, il est l’un des seuls héros dans l’univers DC Comics à se servir de la technologie comme d’une force. Preuve en est avec son ordinateur, un “Jarvis” ultra développé, un élément indispensable qui lui permet d’avoir les yeux partout. Cet ordinateur se situe dans la Batcave, elle aussi mythique, la demeure du héros invisible aux yeux de tous et pourtant si proche !

Les multiples Bat ceinture
Les multiples Bat ceinture

La Batcave c’est aussi le hall of fame de ses victoires. Tout héros qui se respecte garde ses trophées et l’on y trouve : le penny géant, le dinosaure, les dés géants, la carte du Joker et le pingouin. Pour Batman, c’est autant de trophées que de souvenirs, Gotham a besoin du Chevalier Noir tout comme Batman a besoin de cette ville. Ce repaire est créé entre 1943 et 1944 et est destiné à stocker les batmobiles. Il évoluera petit à petit, chaque dessinateur aimant y apporter sa petite touche personnelle, mais respectant toujours les fondamentaux.

Avec la Batcave nous avons la bat ceinture comme élément technologique puissant. S’il y a bien un objet incontournable dans l’univers des comics, c’est bien la Bat-ceinture avec tous les gadgets qu’elle possède. Sa première apparition date de 1939 dans le Detective Comics 29. Une ceinture extraordinaire qui bat à plat de couture le couteau suisse, vous ne croyez pas ?!

La toute première Batmobile !
La toute première Batmobile !

Enfin la Batmobile, objet de fantasmes, elle apparaît pour la toute première fois dans le numéro 48 de Detective Comics en 1941, elle reste une voiture classique avec juste une petite chauve souris à l’avant ! La première Batman mobile à l’écran est imaginée par Georges Barris dans la série TV Batman en 1966.

La Batmobile de Burton
La Batmobile de Burton

Le moment mythique de la batmobile arrive en 1989 avec le film de Tim Burton : une voiture sombre,  forte et puissante et qui correspond à la perfection à l’état d’esprit du Chevalier Noir.
Et durant les années qui suivent chacun a su prendre le chemin posé par le réalisateur. Que ce soit la série animée de 1992 jusqu’à Batman VS Superman avec une Batmobile plus badass que jamais ! Tout comme le Batman de Snyder.
Oui, la Batmobile est une extension du héros à travers le temps et comme ses adaptations cinématographiques, elle lui ressemble. Selon moi, ils ne font qu’un et c’est bien plus qu’une voiture, c’est un acolyte.

Ce panthéon de Batman définit et rend le héros bien plus mythique que Bob Kane ne l’avait imaginé dans les tous premiers moments. Batman a su devenir plus qu’un homme, bien plus qu’un héros : il est le Chevalier Noir.

Batmobile badass dans Batman VS Superman
Batmobile badass dans Batman VS Superman

Alexandra nous a parlé de la création et de l’âge d’or de Batman, qui a contribué à créer et solidifier le super-héros. Mais elle a surtout montré que les caractéristiques du personnage ne se sont pas créées d’un coup, avec l’exemple de la Batmobile. Je vais m’atteler à présent à démontrer que les bases du personnage continuent à se développer, se modifier, pour enfin revenir aux origines.

L’âge d’argent : un angle mort dans l’évolution de Batman ?

Batman dans Detective Comics #241
Batman et ses différents costumes en 1957

Les années 1950 voient se stabiliser des éléments clés de Batman, mais aussi arriver une nouvelle sorte de héros. Finies les aventures sérieuses et policières, qui laissent place à un personnage et un univers hauts en couleurs. L’un des symboles les plus marquants pour les lecteurs, est la garde-robe loufoque du super-héros, dans le Detective Comics #165, datant de 1950, renforcée sept ans plus tard dans le Detective Comics # 214. Batman voyage également, géographiquement (il se rend en Amérique latine, en Ecosse…) et dans le temps. Il rencontrera même Bat-Mite en 1959 et se marie à Batwoman la même année. Tout ceci n’est qu’un passage à oublier, me direz-vous. Cette période n’aurait pas eu d’incidence sur le Batman sombre, torturé, sérieux et réaliste que l’on connaît aujourd’hui, et que l’on a connu dans les années 1940. Mais est-ce bien vrai ? Non, car ce Batman va influencer de nombreuses créations !

En 1966, alors que notre Chevalier noir commence à retrouver peu à peu son ambition d’origine, sort la si célèbre série de William Dozier avec Adam West et Burt Ward, dans un esprit encore plus caricatural de l’homme-chauve-souris. Peut-on dire que cette série n’a marqué personne ? Qu’elle est oubliée ? Pas du tout, et les multiples héritages qu’elle a entraînés ne sont que la preuve d’une marque indélébile du kitsch dans l’univers de Batman : dessins animés, hommages, bande originale que chacun entonne sans vraiment savoir d’où elle provient. The WhoR.E.M. ou encore John Zorn ont même repris le générique de cette série dans des morceaux musicaux !
Les connaissiez-vous ? C’est dire si la légende de 1966 a impulsé la création sous toutes ses formes !

Batman par Adam West
Le Batman kitsch d’Adam West a inspiré des dizaines d’artistes

Mais l’aspect “loufoque“ des années 1950 a transformé encore plus profondément le personnage, au point que l’univers de Batman a conservé certaines de ces transformations à la réputation anecdotique. Les costumes adaptés à différentes situations en sont l’exemple par excellence.

Batmen Grant Morrison
Grant Morrison rend hommage aux Batmen créés dans les années 1950, dans son long run sur Batman

On rit aujourd’hui des costumes colorés ou extraordinaires des années 1950, mais on prend pourtant au sérieux les armures parfois exubérantes, voire robotiques ou rappelant la science-fiction, dont s’arme Batman dans de nombreuses histoires. On peut se moquer gentiment du char d’assaut rose créé en 1956, mais on considère avec gravité celui créé par Frank Miller ou encore le “Tumbler“ de Christopher Nolan… et n’est-ce pas cette période riche en diversité scénaristique, qui fascine tant Grant Morrison ? Les Batmen créés dans les années 50 vont ressurgir dans un superbe récit, tandis que le Bat-Mite permettra au héros de rester lui-même. Symbole de constance du Chevalier Noir, avec cette période dite de l’âge d’argent comme pierre angulaire de l’identité du héros.

 

Un retour aux sources

Talia Al Ghul par Dennis O'Neil et Neal Adams
Talia Al Ghul, pilier de l’univers de Batman

A la fin des années 1960 s’opère un changement caractéristique : la création du Batman de Dennis O’Neil et Neal Adams. Lorsque les deux artistes se mettent à explorer un Chevalier noir qui agit la nuit, qui enquête, qui combat réellement le mal, la maison d’édition reçoit des lettres de lecteurs qui souhaitent conserver cette ligne. “On a retrouvé notre Batman“, clament-ils. Et oui, car au fur et à mesure du temps, finalement notre héros retrouve ses racines !
Il est certes graphiquement différent de ses débuts. Ses oreilles sont plus longues, le dessin est plus moderne, le dynamisme très particulier de Neal Adams innove. Mais l’esprit plus “sérieux“ du justicier nocturne est retrouvé. Des vilains d’exception sont créés, comme Bill Finger, Bob Kane et Jerry Robinson savaient le faire dans les années 1940. Des personnages qui vont durer, qui vont marquer les esprits des lecteurs et être à la hauteur du meilleur détective du monde : Talia al Ghul et son père Ra’s al Ghul, le Man-Bat… Des histoires mêlant le fantastique au réalisme (comme

Le Secret des sépultures vivantes, 1970) nous replongent dans l’atmosphère particulière des débuts du Bat-Man.
Neal Adams et Dennis O’Neil sont véritablement les auteurs qui nous laisseront un Batman indélébile, grâce aux racines auxquelles ils font appel, reprenant les éléments caractéristiques du super-héros de Gotham (dont sa solitude, avant la création de Robin) et l’innovation. Contrairement à la période précédente qui nous présentait un Batman trop différent de ses débuts, l’atout principal du Chevalier noir des années 70, celui qui a permis de forger des éléments fondateurs, est l’alliance subtile entre l’ancien et le nouveau.
C’est ce que fera également Frank Miller avec The Dark Knight Returns et Année Un.

L’innovation puise dans les racines

En 1986, The Dark Knight Returns révolutionne complètement l’univers en apportant de profonds enjeux politiques et sociétaux au personnage. Le travail avait déjà été fait par Dennis O’Neil et Neal Adams de 1970 à 1974 sur le tandem Green Lantern/Green Arrow (rendons à César ce qui est à César), mais dix ans après, Frank Miller apporte une touche encore plus profonde et grave grâce au Chevalier noir.
En lisant ce comics, on peut se dire “rien ne ressemble aux premiers Batman“. Il est vieux, aigri, Robin est une jeune fille, l’univers est punk et apocalyptique… Où est donc notre héros des origines ? Le scénariste et dessinateur nous offre la réponse trois ans plus tard dans Batman : Année un. Il réussit le coup de maître de nous offrir à la fois un héros très novateur et un retour aux sources dans une pureté magistrale. Le parallèle est important avec le Detective Comics #63, Batman contre le dirigeable fatal, qui nous raconte pour la première fois les débuts du héros.
Après une formation de longue haleine, Bruce Wayne affirme : “Les criminels sont des êtres lâches et superstitieux. Mon costume doit donc leur inspirer la terreur ! Je dois devenir une créature de la nuit, noire, terrible…”
La case d’après, une chauve-souris s’engouffre par la fenêtre. Dans Année Un, on retrouve l’idée de cette formation digne d’un vengeur déterminé, avec l’aspect “hésitant” des débuts en prime. Gravement blessé après un premier essai à découvert (sans costume), il se questionne, renvoyant au monologue des origines : “Que dois-je faire… pour leur inspirer la peur ?” Puis, à nouveau, une chauve-souris fracasse la fenêtre d’un Bruce Wayne seul dans son salon, assis dans son fauteuil. L’image, des points de vue scénaristique et artistique, est frappante. On retrouve également ici le jeune homme détective, prêt à s’en prendre à la mafia, le justicier des rues, tel que l’ont connu les jeunes lecteurs des années 1940.
Les couleurs de Richmond Lewis rappellent quant à elles le style premier de Batman, alternant entre le noir, le rouge et le jaune : la nuit, la lune, le sang ; l’intransigeance et l’impitoyable.

Les origines de Batman dans Detective Comics #33
Première histoire des débuts de Batman (dans Detective Comics #33), qui a directement inspiré Frank Miller

Tout le Batman que l’on connaît ensuite est l’héritier de ces deux ouvrages fondateurs, entre nouveauté et tradition. De Un long Halloween à La Cour des hiboux, en passant par quelques ovnis comme Arkham Asylum, Des Cris dans la nuit ou Batman : Noël, tous ces classiques prennent le parti de dépeindre un puissant détective digne des premiers comics, un héros tantôt solitaire et torturé, tantôt entouré d’une famille lui permettant d’accueillir plus de légèreté et de stabilité. Batman : Terre un est un exemple de l’héritage de Année un : on y voit à nouveau un jeune héros qui échoue, qui apprend. Quant au Alfred présenté dans ce comics, il fait plus référence au Batman des débuts, qui n’hésitait pas à tuer pour faire justice ou pour se défendre.

Les origines de Batman dans "Année un " de Frak Miller
L’apparition de la chauve-souris dans “Année un” fait échos aux débuts du héros dans DC #33

Un des personnages qui représente le plus cette stabilité est justement notre Alfred, flegmatique et comique, bien souvent ironique. Des éléments prouvent que la fondation du personnage a différents jalons : la série animée de 1992 a indéniablement posé de nouvelles bases, aussi bien dans la création de personnages ou “d’origin stories” (Harley Quinn, Mister Freeze) que dans la définition du héros et de son univers.
Aujourd’hui, on en revient même aux hommages et aux références assumées de ce qui a construit le Chevalier Noir. La série qui établit la continuité actuelle, dirigée par Tom King, revient sur ce mythe qui a façonné Batman et Catwoman : leur histoire d’amour, leurs multiples rencontres ou “premières fois“ à travers les comics de référence. Hommage renouvelé dans le beau one-shot À la vie, à la mort de Tom King, Lee Weeks et Michael Lark en 2018 : “Tu étais…Tu es sublime.”… “Hein ? Sur le bateau ?”… “Mais non, Bat. C’était dans la rue.”… “Non, non. Tu confonds. C’était sur…” et ainsi de suite.
Enfin, le tout récent (et déjà considéré comme un classique) Batman : White knight ne lésine pas non plus sur les hommages aux débuts sans cesse revus du héros. Ce comics est un recueil de références à tout ce qui a construit Batman et son environnement. Différentes versions de batmobiles, hommages aux œuvres fondatrices et aux jalons du personnage, il est l’exemple même de l’innovation dans la tradition, de l’étonnement entremêlé de reconstitution des fondamentaux.
C’est cette référence aux “maîtres-étalon“ du personnage qui permet à l’auteur de les dépasser, de rechercher une profondeur psychologique, graphique, politique à son White Knight. Pourquoi est-ce un classique ? Parce que l’ouvrage de Sean Murphy nous permet de redécouvrir Batman tel qu’il est vraiment, à travers ses débuts, ses transformations et ses révolutions. Il est une révolution en lui-même car, telle la Terre qui tourne sur elle-même en même temps que tourner autour du soleil, ce comics commet la double révolution de se chercher lui-même, de créer une boucle avec lui-même, tout en effectuant une vaste rotation englobant tout ce qui l’illumine, tout ce qui l’inspire et tout ce qui le fait naître.
Finalement, les meilleurs Batman ne sont que cela : la recherche de ce qui en fait la “substantifique moelle“ pour créer quelque chose de nouveau.

Batman : A la vie, à la mort
Tom King et Lee Weeks rendent hommage aux différentes histoires de Batman et Catwoman

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Votre bat auteur

Bibliothécaire comme Barbara, servant le chevalier noir depuis peu, aimant le Moyen Âge, le Tir à l'arc et les balades nocturnes sur les toits.

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